Histoire du trail

Suivez le Sacré Trail à la trace !

Rendez-vous avec les petites histoires qui courent au fil du parcours :

Tullins : le Clos des Chartreux

Cet ancien domaine viticole des moines de la Sylve Bénite en l’an 1116 est aujourd’hui un flamboyant parc municipal de plusieurs hectares, vaste havre de calme et de verdure en plein centre-ville, planté d’arbres exotiques centenaires répertoriés et rafraîchi d’un lac et d’un ruisseau (site de départ et d’arrivée du trail)
Le lieu abrite la mairie, immense bâtisse de style baroque italien en vogue sous le Second Empire, qui servit de demeure au génial inventeur et bienfaiteur de la ville, Michel Perret. En face, les pères Rédemptoristes installeront une chapelle ornée de vitraux (salle d’inscription au trail) et un séminaire.
La flore y est riche et diversifiée : ici poussent le rare lis martagon, l’odorant ail des ours, les somptueuses orchidées sauvages, l’immense digitale à grandes fleurs, la discrète pervenche, l’envahissant millepertuis… Un paradis végétal à découvrir.

Le Paradis

Dominant le Clos des Chartreux, le ruisseau du Rival vous indiquee la direction du Paradis, au pied du château féodal. Dire que ce ru maigrelet a moult fois inondé Tullins de torrents de pierres et de boue ! Jusque sur l’ancienne place Notre-Dame, autrefois lieu d’un face-à-face singulier entre le vice et la vertu : à vous de choisir ! D’un côté une maison de tolérance, l’Hôtel de la Gaieté, où plus d’un perdit jadis sa maigre fortune ou sa juvénile innocence entre les bras des peu farouches pensionnaires de la veuve Gourdin. En face, la chapelle dédiée à la Vierge, célèbre au 15ème siècle pour ses miracles de résurrection d’enfants mort-nés. Plus tard, faute de miracles, elle abrita les tuyaux des pompiers. Grandeur et décadence…
Et vous voilà au Paradis ! Mais bien vivant, car c’est le nom d’un quartier. Coup d’œil sur sa fontaine ronde et son dauphin de bronze barbichu qui s’ébroue sur l’onde : il est l’oeuvre de Gustave Eiffel et ce bronze fut récupéré sur l’ancien pont de la Porte de France, à Grenoble.

Morette aux sept collines

Charmant village de Morette dont les maisons se blottissent aux pieds de sept collines, digne émule miniature de la Rome antique. Ici, pas de César. La modestie chaleureuse de la campagne remplace la pompeuse grandeur des palais : fermes en pisé et séchoirs en châtaigniers où languissent au vent des noix, des pommes ou du maïs. Le clocher de l’église (chapelle ornée de fresques) veille sur une tradition locale : la fête des fours célébrée en fin d’été, quand les fourniers cuisent des pains, tartes et gâteaux.
Laissez-vous conter l’histoire de figures locales. Comme Yves Farge, résistant qui trouva refuge ici sous le pseudonyme de Pétrequin, artiste peintre, et mena des actions courageuses qui lui valurent d’être nommé compagnon de la Libération par le Général de Gaulle puis de devenir ministre. Ou Joseph Garavel, d’une lignée de cultivateurs, qui sera élu député en 1946 à la première Assemblée Nationale.

Les Hauts de Montferrier

Montferrier, terre de silence et de solitude que repeuplent quelques maisons cachées dans la colline. Au Moyen-Âge, c’était un mandement puissant et un fortin de pierre veillait tout en haut de la contrée. Il ne reste de ce fief protestant que des tas épars de pierres rondes : le château a été détruit depuis les guerres de religion et jamais restauré. On en devine les douves dans quelques fossés envahis par les arbres où gambadent des lamas, derniers seigneurs de la citadelle. Par la descente des Mondalines (site de… tir à l’arc), vous gagnez le col de Châtain. Quel panorama ! Ici commence, pour les mollets fatigués, le temps des « montagnes russes » du retour. Flaque de boue sur commande pour faire de belles photos « couleur trail ».

Au pied de Parménie

Le parcours traverse la « colline sacrée » de Parménie qui vit passer hommes préhistoriques ou légions romaines qui exploitèrent son aspect stratégique : une formidable tour de guet ouvrant la vue loin à la ronde. Des vestiges sont d’ailleurs encore visibles, murs ou citerne. Depuis l’inondation catastrophique de Grenoble (en 1219), cette petite colline est devenue sacrée et des foules immenses gravissent ses pentes par divers sentiers malaisés vers l’ermitage et un légendaire trésor caché. En courant, ouvrez l’oeil ! Un périple qui donnera naissance à la foire de Beaucroissant, une des plus anciennes foires de France.
En 1252, le prieuré de Parmeigne est sous la coupe de l’évêque de Grenoble qui y place des Chartreusines contre un loyer annuel de quatre fromages. Monseigneur leur fournit pour subsister du pain et du vin, et il les dote de deux paires de boeufs, de moutons, de deux charrues et du blé de semence. A l’ouvrage dans ces bois infestés de loups ! Bon prince, l’évêque rajoute en prime sept essaims d’abeilles.
Au début du 19ème siècle, sous le grand étendard blanc d’une curieuse « sainte Trinité » d’escrocs, les pèlerins naïfs se voyaient promettre ici d’échapper à la fin imminente du monde et de gagner le paradis éternel (et les hommes une « éternelle verdeur ») contre monnaie sonnante. C’est de nos jours un lieu paisible que vous allez découvrir ; en le gravissant, pensons à ce sage proverbe : « Plus rude est la montée, plus grande est la joie du sommet ! »

C’est l’arrivée !

Votre paradis bien gagné, voici la fin du parcours par la Rochette. Pas très loin serpente le chemin des Arronds, plus connu ici sous l’appellation « route de Beaucroissant », que vous traverserez, sous le lieu-dit « Plan Bidon »… qui désigne bien un hameau et non un mauvais plan. Avant de revenir en descente sur ce Clos des Chartreux terminal que le ruisseau du Médalon arrose. S’il vous reste quelques forces, visitez le coeur historique de Tullins, au fil du chemin historique jalonné de clous de bronze fichés dans la chaussée. Mais vous êtes peut-être fatigués…

Ouf, c’est l’arrivée : dernière descente !

Le mot de la fin : « Délaisse les grandes routes et prends les petits sentiers ». C’est pas le conseil des organisateurs du Sacré Trail (quoique)… mais c’est du Pythagore, oui, celui du théorème du carré de l’hypoténuse ; 500 ans avant J.-C., il inventait déjà le trail !

Bonne course à toutes et tous !

Bernard GIROUD, président de « Coureurs du Monde en Isère » (CMI), et les organisateurs du Sacré Trail des Collines